jeudi 1 novembre 2012

Hagouza / Yennayer - La fête Agricole du Janvier Amazigh... une tradition en voie de disparition



Les Marocains ont fêté Hagouza le 13 janvier dernier, ceux du Maroc bien sûr, car les Marococanadiens, comme une bonne partie de la nouvelle génération, ignorent, en leur grande majorité, la plus ancienne fête qu'ai connue le Maroc.
Hagouza est célébrée depuis la nuit des temps par le monde agricole au Maroc, et même par la population de la ville, dans la mesure où celle-ci entretenait des liens étroits avec la campagne, car, jusqu'à une date récente, les familles de Fès, Marrakech, Rabat, Boujaad, etc… possédaient des vergers, jnane, exploités par des métayers qui leur remettaient régulièrement, généralement le jour du souk, une partie des produits récoltés.
Mais pourquoi justement le 13 janvier, et quels en sont les rites?
Pour répondre à la première question, il y a lieu de remonter le cours de l 'histoire en matière d'astronomie, et précisément jusqu'à l'an 46 avant Jésus- Christ où Jules César, de retour de chez Cléopâtre, introduisit à Rome le calendrier égyptien solaire d'une année de 365 jours divisée en douze mois, avec une année bissextile de 366 jours tous les quatre ans, alors que la mesure du temps se fondait à l'empire romain sur les cycles de la lune comme l'actuel calendrier musulman, mais une année ne comptait que dix mois inégaux de 30 et 31 jours et débutait le premier mars.
Ainsi, le calendrier dit julien, relatif à Jules César son promoteur, a vu le jour en Europe, et est resté en vigueur dans l'ancien monde pendant plus de quinze siècles. Bien qu'il ne soit plus officiellement utilisé par les pays, ce calendrier est toujours appliqué pour calculer les dates des fêtes religieuses des religions chrétiennes orthodoxes. Aussi, le Noël orthodoxe est tombé, non le 25 décembre 2002, mais le 7 Janvier/Février 2003. Il est également utilisé par les historiens pour accorder les dates des événements énoncés dans le calendrier calendrier grégorien que nous allons expliquer sous peu, et enfin par les agriculteurs marocains pour la célébration de Hagouza, soit le 13 janvier, et le calcul des phases agricoles telles que Elliali, Batnel houte, Trea etc… d'ailleurs Hagouza marque la moitié de la phase Elliali qui dure 40 jours, commençant, par conséquent, le 25 décembre, jour de Noël. Afin de rapprocher le début de l'année de la date de naissance de Jésus-Christ, le pape Grégoire Xlll a converti la nuit du 15 octobre 1582 en le 4 du même mois et de la même année pour l'entrée en vigueur de son calendrier désormais connu sous l'appellation de calendrier grégorien et admis aujourd'hui de façon quasi-universelle, la preuve, la célébration du 31 décembre sur toute la planète. Les 11 jours qui séparaient les deux calendriers en 1582 sont passés présentement à 13 du fait du retard que le calendrier julien accuse sur le calendrier grégorien. Ainsi le Noël chez les coptes d'Égypte n'est pas célébré le 25 décembre, mais le 7 janvier du calendrier julien, toujours en vigueur chez les héritiers des pharaons et dans l'église orientale.
La nuit de Hagouza est donc l'équivalent de la Saint-Sylvestre pour le monde rural ou ceux qui ont des attaches avec lui, mais quelle en est l'origine?
Nous pensons que Hagouza est l'un des vestiges des mille années d'influence romaine au Maroc. En tant que colonie de cet empire, le Maroc était tenu au calendrier julien qui n'a pas été affecté par l'avènement du calendrier lunaire qui accompagnait l'islamisation du pays du fait que les cycles agricoles n'obéissent qu'au calendrier solaire fixe d'une part, et d'autre part, le Maroc était devenu depuis longtemps, non seulement un pays indépendant, mais un empire hostile à toute influence étrangère d'autant plus que la réforme du pape Grégoire Xlll avait une connotation religieuse.
Quant aux rites de Hagouza, ils diffèrent d'une région marocaine à l'autre, mais leur point commun est gastronomique. Ainsi, à Fès, la ville citadine par excellence,mais aussi capitale de toute une région agricole, Hagouza y est célébré par la préparation de mets dont Herrbel, soupe de blé concassé et de lait entier est la principale spécialité. Les Fassis préparent également à cette occasion de petits pains ronds incrustés de raisins secs offerts aux enfants avec les fruits secs, Fakia ,les oranges et les marrons du chêne vert marocain. À noter que les deux derniers fruits abondent en pareil époque de l'année. Parmi les anecdotes qui agrémentent Hagouza ou Houaguez dans la ville de Moulay Driss, on pourrait citer celle qui consiste à inciter les enfants à ingurgiter le plus de victuailles possibles afin de ne pas s'exposer à la suie, keffous el fakher qui vient salir les petits corps des bambins qui ont manqué d'appétit. À Boujaad, l'ancienne capitale du Tadla et berceau de la célèbre Zaouia des Charquaoua, le dîner du 13 janvier est fait de couscous au poulet et impérativement aux sept légumes.Ce repas est caractérisé par trois éléments inédits:
[www.maghreb-observateur.qc.ca]

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